Qu’est-ce qu’une mauvaise herbe?
Une mauvaise herbe est une herbe qui n’est pas à sa place.
Ceci généralement selon les critères du cultivateur: Lorsque quelqu’un a une herbe dans le collimateur, il ne voit plus que celle là, même si elle ne domine pas. C’est une sorte de délit de faciès agricole.
Par exemple : un cultivateur peut paniquer à l’idée de voir son champs de blé envahit par des coquelicots. En fait la sociologie des plantes nous apprend que l’ennemi contre lequel une plante combattra est le plus souvent, son propre frère. Ainsi le blé produit des exsudas racinaires qui tendent à empêcher la pousse du blé d’à côté et prendre l’avantage… et le coquelicot, lui, se sert de l’exuda racinaire comme engrais. En plus au moment des fortes chaleurs le coquelicot aura fleuri et il aura le bon gout de se coucher au pied du blé pour préserver un peu d’humidité et produire de la matière organique végétale. La nature est bien faite.
Le problème ici est davantage la monoculture. En fait pour bien faire il faut planter du trèfle avec le blé (une légumineuse, avec une graminée toujours) comme cela le sol sera totalement couvert et le blé bénéficiera de l’azote apporté par la légumineuse et au lieu de tout planter en blé, il faudrait alterner avec des rangées de pavots dont on pourra récolter les graines (pour les vendre à la boulange) qui absorberons tous les exudas toxiques du blé. là on ne peut plus parler de mauvaise herbe, n’est-ce pas? Tout rentre dans l’ordre.
D’un point de vu écologique et botanique, les plantes qui prolifèrent sont de plusieurs sortes:
D’abord les plantes cultivées par l’homme : si l’on y réfléchit un peu, l’on ne saurait dire si c’est la plante qui domine l’homme ou l’inverse, après l’avoir séduit par son goût ou ses effets … jusqu’à pouvoir le convaincre de se faire cultiver jusque dans des caves à Amsterdam.
D’autres plantes prolifèrent parce qu’elle sont étrangères au lieu et n’y trouvent pas de prédateur. Elle s’instale en abondance. Mais attention! en général la cause est trés souvent un déséquilibre provoqué par l’homme. Les bords du Rhone voient de plus en plus régulièrement une prolifération d’Ambrosia artémisifolia, une plante du désert Afghan; là-bas comme au Tibet, cette plante est hautement considérée comme trés bonne médicinale. Mais ici c’est un bio indicateur de destructuration des sols provoquée, soit par le labour, soit par les pollutions des berges…
La solution pour s’en débarrasser? Surtout ne pas rajouter de produits chimiques type herbicide organo-chloré, cela agraverait le problème. Il suffit de semer à la volée du rie-grass, tout simplement (encore une solution issue de l’observation et de la sociologie des plantes).
En Argentine, dans la région de Salta, la plante envahissante est le Galega officinale. Il est originaire d’Europe où, comme son nom le suggère, c’est une trés bonne médicinale qui joue un rôle contre le diabète. Là-bas nous avons constaté après de nombreux tests, qu’il prolifère là où l’on a labouré et où l’on épand du glyphosate… En Europe le bétail le mange, là bas il ne le touche pas; donc il ne sert à rien et prend la place du paturage naturel. Il devient une mauvaise herbe.
La solution? Le galega est une légumineuse qui se croise même avec le soja transgénique pour devenir résistant au glyphosate… qui dit légumineuse dit plante fixant l’azote de l’air dans le sol… c’est un fantastique engrais vert. il suffit donc de semer à la volée des graines de pâturage associées à du trèfle ou de la luzerne selon le cas, où avec une semeuse éventuellement lorsqu’il s’agit de territoire gigantesque et broyer le galega par dessus pour couvrir les graines. Le petit truc en plus sera d’asperger par endroit un peu d’huile portant un mix de spores de champignons ecto et endo mychorysaux afin de doper la croissance des pâturages et d’assurer un réseau naturel de micro irrigation…
La morale de l’histoire : est qu’en agriculture l’on peut toujours faire du bien même avec le mauvais. La vie est plus forte, c’est à nous de rechercher le bon point de vue.