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Tous les chemins de la Bouillabaisse? nulle part ailleurs qu’à Marseille, en Méditerranée, Med in France

July 29th, 2009

soupe-poissonBOUILLABAISSE,

Boui Abaisso, soupe qui boue, en bas sur la braise,

ou Boui Peis, soupe de poisson en Provençal; Bullit de Peis en Ibicenco…

Boui, Abaisso!, ça boue, tu plonge le poisson… la vraie solution, il suffit d’y mettre le ton; vous avez compris tout est dans l’accent.

Aïe, le poisson est rare et cher: la délicieuse abbesse, reine du genre, encensée par Joseph Mery, le poête gastronome marseillais du XIX° siècle, le copain de Dumas et des Goncourt, disait:

Rien ne doit être cher en cette vie; après,

Rien n’est plus cher qu’un marbre, avec quatre cyprès.”

Donc, avant le poème, il faut qu’on fasse :

Un coulis sérieux, en guise de préface;

De cent petits poissons, recueillis le matin,

Distille, avec lenteur, sur un feu sans fumée,

Le liquide trésor d’une sauce embaumée;

là vient se fondre encore, avec discernement,

Tout ce qui doit servir à l’assaisonnement :

Le bouquet de fenouil, le laurier qui pétille,

Quelques brins de safran, le poivre de Manille,

Le sel, ami de l’homme, et l’onctueux oursin,

Que notre tiède Arenc nourrit son bassin.

Quand l’écume frémit sur ce coulis immense,

Et qu’il est cuit à point, le poème commence :

A ce plat Phocéen, accomplit sans défaut,

Indispensablement, même avant tout, il faut

La Rascasse, poisson, certes des plus vulgaires;

Isolé sur un gril, on ne l’estime guère,

Mais dans la bouille-abaisse, aussitôt il répand

De merveilleux parfums dont le succès dépend.

La rascasse nourrie aux crevasses de syrtes,

Dans les golfes couverts de lauriers et de myrtes,

Ou devant un rocher garni de fleurs de thym,

Apporte leurs parfums aux tables du festin.

Puis les poissons nourris assez loin de la rade,

Dans le creux des récifs; le beau rouget, l’orade,

Le Pagel délicat, le Saint Pierre odorant,

Gibier de mer suivi par le loup dévorant,

Enfin, la galinette, avec ses yeux de bogues,

Et d’autres, oubliés par les ichtyologues,

Fins poissons que Neptune, aux faux d’un ciel ardent,

Choisir la fourchette et jamais le trident.

Frivoles voyageurs, juges illégitimes,

Fuillez la bouille-abaisse à soixante centimes;

Allez au Chateau Vert, commandez un repas;

Dites: ” Je veux du bon et ne marchande pas;

envoyez le plongeur sous ces roches marines,

dont le divin parfum réjouit mes narines;

Servez-vous du thys grec, du parangre romain,

sans me dire le prix; nous comprendrons demain ! “

Le Gourmet – Joseph Méry (1798-1866)

TOUT EST DIT.

Le poisson ferme: Langouste, l’étrange cigale, la rarissime gambas rouge, le grondin galinette, vive, le vaudreuil baudroie, congre fielas, crabe…

Le poisson tendre : merlan, loup, roucaou, rouget, muge, saint pierre…

écaillez videz (sauf le rouget et les crustacés) et disposez sur deux plats séparés.

sofritoDans une large casserole: 5 oignons frais émincés avec leurs fanes; une tête d’ail, deux tomates épépinées dont on ratrappera la peau plus tard, thym, fenouil sauvage, une pointe d’absynthe, d’hélycrisse, une feuille de laurier, du persil plat entier avec ses tiges, des écorces d’orange ou de citron (utiliser les citrons séchés iraniens si vous n’avez pas de zestes frais bio). Un bon piment mexicain ancho, negro ou pasilla de Oaxaca.

Mettez toute la pêche de petits poissons de roches et procédez à la cuisson des poissons fermes puis des poissons tendres.

SINON:

Sur cette casserole d’épices bouillants déposez le premier poisson ferme que vous arrosez d’1/2 verre d’huile d’olive; mouillez avec l’eau bouillante, assaisonez avec le safran et le poivre. Cinq minutes après, quand vous le sentez, mettez un poisson tendre et portez à ébullition. Mettez un pain à l’huile d’olive grillé et frotté à l’ail, dans le bord de l’assiette les filets des deux poissons arrosez de soupe, jetez le persil plat et envoyez.

Chaque couple de poisson méritera le même cérémonial. Et recommencez jusqu’à plus soif. (un verre de casanis sur le bord du four…)

Deux choses essentielles: la diversité des poissons de roche et le temps de cuisson de chaque type de poisson (Une baudroie lotte, un congre, ne cuit absolument pas à la même allure qu’un saint pierre… allons)

soupe-haricots1Troisième point essentiel: l’huile d’olive, l’ail et le bouillon; ce sont les trois éléments qui permettent une émulsion parfaite; l’ail fournissant les mollecules tensio actives, lie l’huile, l’eau et le sel pour d’obtenir une texture onctueuse parfaite. Une bonne bouillabaisse demande beaucoup d’huile d’olive et d’ail pour monter.

Ce soir en toute intimité nous avons décidé de faire un hommage au goût pur des petits poissons de roches pêchés devant la maison, dans les calanques au petit matin. Aucun gros poissons de ligne aujourd’hui, nous les avons remplacé par de sublimes cocos rouges cuits trés lentements avec des oignons et un chile passilla de Oaxaca (délice ultime).

Et puisque le monde est à l’envers, nous avons remplacé le pain aillé par des filets de sares grillés au feu de bois la veille et tout juste pressés d’ail; les sares aillant été péchés par notre ami pilote de ligne, tout reste dans la haute voltige.

Désolé vous ne pourrez pas manger cela au restaurant, Si OUI, faites moi signe, j’arrive ventre à terre.

Les vaches nous parlent de santé

July 25th, 2009

vachefleurfaceL’essentiel des maladies de la vache proviennent de son alimentation.

C’est la biodiversité de sa nourriture qui construit ses défenses immunitaires; mais attention aux excés, ils peuvent détruire ces défenses immunitaires en un clin d’oeil.

vacheveau

C’est la même chose pour l’homme. Chez la vache cela se voit quasi instantanément; l’homme, on s’habitue à ses faiblesses passagères. La vache, un déséquilibre dans sa nourriture se répercute immédiatement sur son poil, au coin de ses yeux,  la propreté de son arrière train, le gras de son pelage, ses bouses… La vache nous parle de son état de santé en permanence : il faut l’observer et corriger son alimentation pour sa santé.

vachesale

Sinon ces excès vont provoquer des mamittes, des parasitismes, jusqu’à des avortements et des morts de veaux à la naissance.

Comment cela peut se produire ?

Un champs est dominé par le trèfle, la vesce et le lotier. Le trèfle n’a rien de mauvais en soi, bien au contraire il est essentiel pour la pousse des graminés; mais en excès ces légumineuses apportent trop d’azote au menu quotidien de la vache : tout de suite les bouses de vache deviennent de plus en plus liquides. vachegratte

Puis l’arrière train de la vache se salit; des petit cristaux noirs apparaissent aux coins des yeux; le ventre devient également sale et le poil du garrot part dans tous les sens. Quelques jours après, si son menu ne change pas, la vache commence à lécher son flan arrière, puis se gratter sérieusement et c’est un début de parasitisme…

Si les 2/3 du troupeau présentent les mêmes symptômes, il faut prendre la chose au sérieux et agir. Sans compter que dés que le trèfle blanc Trifolium repens fleurit il produit du cyanure; un petit veau ne peut pas y résister.

En fait il se passe exactement la même chose que si un homme faisait la feria et buvait en se goinfrant toute l’année. La vache, par ces signes, nous dit qu’elle mange plein de sucres qui fermentent ultra vite associés à trop d’azote… c’est la fête, seulement il faut de la modération en tout. Avec les signes qu’elle nous envoie, la vache nous montre qu’elle a besoin de fibres utiles; des fibres mûres constituées de sucres très lents.

Si l’on ne respecte pas ce que la vache nous dit, c’est la facture du vétérinaire qui va augmenter. Le fermier se met à investir dans une ribambelle de vaccins pour lutter contre une mamitte, un parasitisme, une langue bleu… en réalité il ne fait que casser le thermomètre, il ne fait que soigner le signe d’un déséquilibre bien plus profond sans s’attaquer au réel problème qui aura des conséquences bien plus graves à terme. Le problème résolu à un endroit, réapparaitra à un autre.

Ces observations qui étaient partagées par tous les éleveurs auparavant, ne sont quasiment plus enseignées dans les écoles d’agronomie. Le Dr Bruno Giboudeau, vétérinaire passionné d’alimentation a soulevé le problème en tentant d’apporter un solution aux éleveurs à travers sa méthode OBSALIM, Observation alimentaire, comme son nom l’indique. Chez SOS SOiL, nous sommes en plein dedans, en Amérique comme en Europe.

En fait, les excès sont bien plus graves que les carences. La vache est faites pour manger de l’herbe et de la fibre. Mais la grande majorité des fermiers aujourd’hui dans le monde leur donnent du mais et du tourteau de soja.

En Argentine plus de 80% des vaches sont élevées en Feed-lot, sorte de camp de concentration pour ruminants, avec comme nourriture du tourteau de soja OGM, résidu de la presse pour produire du biodiesel. Ces vaches en milieu artificiel n’ont plus les ressources pour fabriquer leurs défenses immunitaires et donc les vétérinaires locaux les bourrent d’antiparasites et de vaccins en tous genres… Aprés ces vaches sont mangées par l’homme; tous ces produits lui sont transmis…

Le problème réside aussi peut être dans un éblouissement par la course technologique qui pousse le fermier à confondre productivité et rentabilité. Les paquets OGM tout préparés, qui comprennent herbicides, fertilisants et semences génétiquement modifiées, augmentent de prix chaque année de 25 à 30%. Les médicaments et les vaccins… il en faut chaque année plus…

vachesmangent

Mais en France ou en Belgique, il n’y a pas officiellement de semences OGM… excepté lorsque ces semences sont achetées en Espagne et passées en France, sous l’oeil bienveillant du douanier, pour être plantées fièrement avec l’air malicieux du paysan rebelle à la loi… De toute façon ce tourteau de soja transgénique est importé du Brésol à moindre cout, quant on veut. Selon Greenpeace, chaque Français a abattu sans le savoir 450m2 de forêt amazonienne, dédiée désormais à la culture de soja transgénique pour nourrir ses vaches et faire du lait et de la viande.

Lorsque les vaches sont tout simplement envoyées paitre dans un beau pâturage; pour bien faire chaque année le paysan gardera un bout de sa terre pour faire du foin pour l’hivers…

Ce foin il voudra qu’il soit le plus riche possible et donc il y mettra toujours plus d’engrais. Toujours plus et voila dans le champs une explosion de pissenlits Taraxacum off. … c’est le stade 1, le champs devient tout jaune. Puis c’est au tour des boutons d’or et Ranunculus acris et des rumex obtus Rumex obtusifolia... C’est le stade 2, lorsque les nitrates du sol ont tendance à se transformer en nitrites pathogènes pour l’animal et pour l’homme qui mange l’animal ou qui boit son lait. Les nitrites 3+, forment des ions beaucoup plus actifs que les nitrates 2+, ils ont la particularité de flinguer tous les antioxydants. Alors attention.

tunus3

Là encore, bio ou non, l’agriculteur met de l’engrais sur son champs sans se poser de questions quant à l’état de son sol.

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Et puis, le fumier est-il réellement composté? Les bactéries ont elles eu le temps d’effectuer leur rôle? avec le froid de certaine région cela peut prendre des dizaines d’années… le tas de compost sur la photo est pathogène pour le bétail. Personne ne s’en rend compte et l’hivers venu les vaches vont en souffrir…

C’est pourquoi il est impératif d’observer également les plantes indicatrices. C’est elles qui peuvent nous renseigner sur la qualité du fourrage et l’action (ou l’inaction) qui doit être lancée pour assurer la santé du bétail.

Ainsi au cours de chaque mission nous tentons de former les paysans afin qu’ils puissent réagir le plus en amont possible, de manière à prévenir tout trouble de santé possible. Lorsque le paysan investit dans un diagnostique de 2/3 jours par nos soins, cela lui lui revient en général moins de 10% de ce qu’il devrait payer en vétérinaire et drogues en tout genre si l’on n’était pas intervenus. Notre but est surtout de le former afin qu’il reçoive les clefs d’une formation qui li servira pour toujours.

C’est ce que nous faisons en Europe, en France, en Belgique, en Espagne, où nous avons des viandes fabuleuses, mais surtout, c’est ce que nous avons la chance de faire en Argentine, que nous aimerions voir re-produir cette viande qui était la meilleure du monde comme au siècle précédent.

C’est un travail de passionné qui demande une rigueur ferme au niveau de la traçabilité de la bête, mais aussi de la durabilité de la production, au niveau de sa nourriture avec les meilleurs pâturages naturels, de son emprunte carbone avec le recyclage des pollutions que produisent 7000 bêtes sur 40 000ha et surtout dans la préservation des espaces sauvages qui sont des puits sans fonds de biodiversités et des recours quotidiens apportant des solutions tant pour la santé des bêtes que pour le devenir du domaine.

Enfin si l’on aime la viande, il faut que cela soit un plaisir d’exception. Il ne faut pas en manger tous les jours, seulement accepter le meilleur, des meilleures provenances. Un quinotto, un plat de céréale et légumineuse bien cuisiné sont équivalent en protéine à un steak de boeuf,  mais 10 000 fois inférieur en énergie équivalente pour le produire, donc d’une empreinte carbone bien moindre. C’est pourquoi la viande doit rester un plaisir d’exception. Comme pour les vaches, il faut que nous multiplions la biodiversité de nos aliments pour diminuer la facture de notre médecin…

Quinoto, la meilleure invention depuis le risotto…

July 20th, 2009

En mission au Perou pour le projet Tika papa, valoriser l’origine de la Pomme de terre dans son pays d’origine, de temps en temps une alternative à la patate trés appréciée tant dans nos assiettes, pour nos palais, que pour l’agriculture, est le quinoa.

quinoto1

La QUINOA : grande céréale de la Cordillère des Andes. Ses graines sont constituées de protéines trés proche des protéines animales. La  quinoa est ainsi trés nourrissant et ne contient pas de gluten comme le blé, qui fait grossir…

Seulement la quinoa était toujours servi brut trés peu travaillé, comme un couscous à assaisoner; toujours la même chose. Alors il y a 5ans nous avons décidé qu’il fallait créer un nouveau standard pour la toute jeune “nueva cocina andina” dont le grand cuisinier péruvien Gaston est aujourd’hui le chantre.

LE QUINOTTO :

Le principe est simple : cuire le quinoto al dente dans de l’eau et finir sa cuisson dans un bouillon trés concentré; car le quinoa ne peut pas cuire et gonfler dans un bouillon saturé de bonnes choses.

Voici pour commencer cette toute nouvelle série inédite de recettes : le “Quinotto Mange Tout”.

Lavez et faites cuire vos graines de quinoa. On lave les graines pour retirer le peu de saponines qui les entoure, un peu comme le riz amidonné. Cuisez les jusqu’à ce qu’elles soient al dente . Le plus simple c’est de le faire à l’autocuiseur, le rice cooker chinois, en mettant autant d’eau que de graine (un centimètre d’eau en plus si l’eau est calcaire)

Pendant ce temps faites sauter les haricots mange-tout avec celeris,mangetout

ail, oignons, gingembre, piments mexicains Ancho, sel, poivre de Fu Quock …

Faites réduire un bouillon de poulet ou de légumes. Mélangez sur un feu doux le bouilon et le quinoa cuit. Faites réduire jusqu’à ce que le quinoto soit onctueux à souhait. Retirez du feux et mélangez aux légumes.

Comment se faire du bien avec du bon: pour apporter une touche de fraicheur et un piquant moutardé insoupçonné; juste avant de servir rajoutez des pousses de moutarde, de choux rouge et de broccoli. Les pousses sont ce qu’il y a de plus concentré en principes vitaux et en antioxydants. Excellent pour la santé et recommandé contre le cancer.

quinotopousses

Argentine 8 : planter des arbres c’est bien, les utiliser pour la sécurité alimentaire c’est mieux

July 7th, 2009

Comment utiliser un arbre pour assurer la sécurité alimentaire?

Pour diversifier les revenus, les ingénieurs agronomes argentins ont eu la très bonne idée de s’intéresser à la plantation de noyers.

toutpg

Il se trouve que les noix se vendent un bon prix en Argentine et la demande est là. De plus, les noyer font un bois de bon rapport, alors pourquoi pas participer à l’effort mondial pour planter des arbres, si cela peut aider à la lutte contre le réchauffement planétaire.

Mais planter 8500 noyers d’un coup, cela va faire à terme, une forêt qui va enlever du pâturage aux bêtes. Le feuillage dense et l’architecture basse du noyer va complètement stopper la production de fourrage en dessous.

Autant de noyers vont rendre impropre au pâturage plus de 60ha. Sans compter la véritable prolifération de plantes étrangères qui peut bouleverser l’équilibre écologique du domaine et les déjections de cyanures du brou de noix des enveloppes de la coque qui peut provoquer de graves pollutions et ralentir la pousse des plantes alentour.

Planter des arbres peut rapporter beaucoup plus, c’est là que nous intervenons :
Il faut faire du noyer un allié et tenter de réfléchir sur tout ce qu’il peut apporter. Il faut maintenir la logique de développement durable de l’ensemble de la propriété et intégrer les noyers pour qu’ils participent à l’effort général.

Que peut bien apporter un arbre comme le noyer ?

  • Le noyer fixe environ 200kg d’azote par an, de l’air dans la terre.
  • Il entretient autour de lui tout un réseau mycélien qui se construit de manière à diffuser les ressources en eau et minéraux, directement aux racines.
  • Il entretient la vie du sol en soutenant toute une activité bactérienne qui permet aux plantes de pousser.
  • Il fixe et retient le sol des zones en érosion, voire en danger de devenir des canyons, la plus grande menace du domaine
  • Pour le domaine il peut devenir un véritable amortisseur climatique contre les bouleverssements en cours, en protégeant du vent, du gel et par ailleurs en précipitant la pluie par les mollecules qu’il diffuse.
  • Les arbres sont vitaux pour l’équilibre alimentaire des chevauxchevaux; n’oublions pas que leur biotope originel est la clairière.

Quelles sont les priorités du domaine ?

Nous avons besoin d’engrais vert qui fournisse l’azote pour faire pousser notre fourrage.

Nous avons besoin à tout prix de renforcer la couverture végétale tant en surface, qu’en racines profondes pour stopper l’érosion et la progression des canyons.

Il faut donc mettre en place la Sylvo-agriculture :

L’expérience nous montre que la densité idéale d’arbres par hectare est de 50. Cette distance permet le passage des machines,
8500 arbres vont nous servir pour 170 ha.

Comment planter ces arbres ?

La distance entre les arbres :
Pour savoir à quelle distance les planter il faut faire le calcul suivant :

d = √A/n

d, la distance, A l’aire en question, n le nombre d’arbre. C’est ainsi que pratiquait Braun-Blanquet, l’inventeur de la phytosociologie.

Ainsi pour nos 50 arbres par hectare il faut planter 1 arbre tous les 14m.

Le type de sol :

Le noyer supporte très mal les excès d’eau. Il aime les endroits bien drainés, donc pas trop argileux. Si ce caractère n’est pas respecté, vous exposerez vos noyers à des maladies parasitiques. En Argentine, dans la région du NOA, le Nord Ouest, le parasite le plus courant est le Phytophtora , un champignon qui s’attaque directement aux racine et contre lequel les gens d’ici n’ont rien trouvé de mieux que d’amputer la partie atteinte de l’arbre, ce qui n’arrange rien pour son développement. Alors surtout éviter tout type de goutte à goute, etc.

Ne surtout pas travailler le sol avant de le planter. Si vous labourez, vous risquez de provoquer des semelles de labour et une déstructuration du sol qui condensera les argiles en blocs et freinera le drainage. C’est la meilleure manière d’affaiblir vos arbres et de les rendre vulnérables aux parasites, insectes et champignons.

Il suffit de faire un trou de la taille de la motte et de le planter. Punto y basta.

Pour garantir une pousse régulière et accélérée, nous allons procéder à la mycoforestation.

Deux techniques selon les conditions du lieu :

chenesSi vous avez une vieille foret à proximité, vous reliez les arbres tout juste plantés avec les vieux par des copeaux mis en surface pour faire « courir » le mycélium.

Sinon, vous procédez directement à  l’inoculation de mycélium élevé en laboratoire, qui, en se reproduisant, fournira directement aux racines de l’arbre, son eau et ses nutriments favoris dans les quantités idéales. Il faut toujours s’aider de la nature en faisant appel à ce qu’elle sait faire de mieux.

Voici la raison pourquoi il ne faut pas labourer autour des arbres, ni “gratter”, c’est la meilleure manière de casser toutes les relations mycelliennes et mycorhyzales, la symbiose que l’arbre et les champignons ont réussi à construire. Tout un travail que l’homme va détruire sous prétexte de vouloir “aérer” le sol, alors qu’il ne fait que destructurer sa nature profonde et rompre la dynamique des êtres qui en assurent son équilibre. Et enfin… personne n’a l’idée de labourer dans la forêt pour faire pousser les arbres.

Des arbres pour l’agriculture.

Avec une densité de 50 arbres par hectare, soit un arbre tout les 14m, aussi bien des plantations de cultures vivrières, que le pâturage pourront prospérer… et en plus chaque année vous aurez votre récolte de noix. Au bout de 20 ans vous aurez votre récolte de bois de première qualité.

Organiser la biodiversité

Il ne faut pas planter uniquement des noyers… pour réussir son coup il faut organiser la biodiversité et tout particuièrement lorsque l’on veut cultiver des graminées comme le riz ou le foin il faut planter des légumineuses: des acacias et autres mimosacées, ici nous avons le magnifique lapacho rose qui est aussi un arbre médicinal précieux pour soigner le cancer; ou bien, un autre légumineux comme le caroubier, qui non seulement est l’un des meilleurs engrais vert connu, mais aussi fournira un fourrage délicieux avec ses feuilles (mais attention, trés riche en azote) et des gousses comestibles trés riches, excellent complément alimentaire d’hivers.

Maitriser la pollution.

8500 noyers cela en fait des noix… au moins 12 000 tonne/an. Sur ces 12000 tonnes 7000 tonnes sont des déjections remplies de brou de noix, riches en cyanure et carbone. Une pollution ? Non, la matière première idéale pour fabriquer du bio diesel grâce au micro algues

La navette spatiale Atlantis travaille pour l’agriculture

May 12th, 2009

Pendant que tout le monde s’intéresse au futur du satellite Hubble, nous avons mis la navette spatiale Atlantis de la NASA au service de l’agriculture grâce à notre génial collaborateur Alain Gachet.

Pendant ses révolutions autour de la terre, la navette spatiale Atlantis mitraille notre planète de photos et de détections radar qui plongent jusqu’à 30m sous le sol. Ces images sont récupérées par Alain qui les décrypte à sa manière. Alain, ingénieur de l’Ecole des Mines de Paris, grand explorateur de terrain et géologue trouveur de pétrole pour Elf/Total pendant 20ans, connait la morphologie de la terre mieux que tout. Avec les images de la navette spatiale, il épluche littéralement la terre comme un oignon, et met à jour toutes ses strates.

Grâce à ce travail nous trouvons de l’eau pour l’agriculteur. Exemple du traitement d’image radar au Pérou, à Lambayeque, un terrain désertique épuisé par les mauvaises pratiques agricoles de l’homme qui a accéléré la tendance du lieu à se désertifier.

sasape-imag-satelite-bajaVoici le domaine pour lequel nous sommes consultés plaqué sur l’image satellite de surface.

Perou_SASAPE Watershed3

Alain passe à l’image radar pour comprendre comment fonctionne l’eau dans cette géologie; où sont les bassins collecteurs, dans quelle direction se versent-ils; quels sont les points GPS exacts où l’on doit forer pour avoir une source d’eau de manière durable; à quelle profondeur doit-on forer.

Ici nous nous interessons uniquement aux réserves d’eau qui se renouvellent en permanence. Nous ne touchons absolument pas aux nappes phréatiques qui pourraient s’épuiser par une mauvaise gestion et créer une catastrophe naturelle à long terme.

Perou_SASAPE Water2Sur cette image nous sommes sous le sol, nous suivons les mouvements de l’eau. En surface on ne se doute de rien.

sasapesurfaceToujours plus profond nous allons à environ -30m.

Perou_SASAPE relief2

En utilisant cette technique Alain a pu trouver de l’eau pour le Darfour. Les Nations Unies par la voie du directeur général de l’Unesco viennent de le remercier d’avoir été à l’origine du sauvetage de plus de 300 000 réfugiés au Darfour. Désormais le Pentagone en a fait son allié pour de nouvelles mission pour trouver de l’eau en Irak, en Afghanistan, en Ethiopie, en Somalie…

Pour l’agriculture le travail d’Alain nous permet de prendre du recul et comprendre comment le terrain fonctionne. Il nous permet de comprendre les processus d’érosion et d’évolution du terrain en macro échelle.

Exemple en Argentine : là nous voyons l’Amérique du Sud depuis la navette spatiale

pampa-grande-argentina-location-mapLes carrés noirs sont vraisemblablement des espaces censurés par les Américains, peut être l’armée? Bon rapprochons nous du domaine :

salta-zoomed-area-landsat-3d2Toujours plus prés. Bon là on a visé un peu trop haut; on tombe sur le lac dans lequel se verse l’eau qui vient de l’estancia que nous conseillons.

coronel-mandes-synclinorium2Descendons un peu et traitons l’image de manière à pouvoir comprendre l’évolution géologique, les différentes roches en présence, l’impact et le travail de l’eau sur le terrain.Tout d’abord une image d’ensemble traitée de manière à avoir une bonne idée des grandes tendances édaphiques de la région.

pampa-grande-argentina-location-map1-2Grâce à cette image nous comprenons tout de suite l’impact climatique sur le domaine pour lequel nous sommes consulté.

L’eau vient intégralement des nuages en provenance de l’Amazonie. Nous sommes pieds et poings liés au devenir de la fôret dense. Tous les flan Est sont verts. La propriété se trouve exactement à la frontière avec le début du désert. Une position trés fragile qui nous poussera à être trés prudents et à rechercher tous les moyens pour amortir les effets du réchauffement de la planète. Au vu de cette image, ce doit être notre première priorité :rendre vert ce domaine qui ne l’est pas vu de l’espace, planter de arbres, mieux gérer les ressources d’eau.

Rapporchons nous un peu plus.

fond-landsat-7-4-2-et-transectsDécidément le terrain est bien moins vert qu’il ne pourrait être, bien moins que les espaces non touchés par l’homme. Que se passe-t-il?

fond-topo-couleur-et-transectsToute l’eau du domaine se dirige vers B’ et l’on dirait que rien ne pousse là.

Etudions les coupes de terrain que nous fournit la navette depuis l’espace :

coupe-abTout le domaine est en érosion totale. Nous sommes en présence d’alluvions qui partent toutes vers la rivière. Voyons de l’autre côté sur les autres axes choisis sur le domaine sur de grandes distance afin de mieux comprendre le phénomène :

coupe-cdCe qui sur le terrain semble plat ne l’est en fait pas du tout. La composition du sol rend la situation trés préquaire à long terme. Nous sommes en fait en phase de transformation en canyon. La situation est grave mais pas irréversible si l’on se met tout de suite au travail. Il faut protéger les endroits qui montrent des signes d’érosion avec beaucoup plus de sérieux que nous le pensions après notre étude de terrain. Il faut circonscrire les lieux en danger de tout accés du bétail. Rapprochons nous :

zoom-pampa-grande-landsat-transectscoupe-ab1Si nous ne faisons rien tout va tomber. Il faut stopper tout utilisation de produits chimiques pour desherber, interdire le glyphosate sur le domaine, car il faut renforcer par tous les moyen ce qui peut stabiliser les alluvions. Préserver la mooindre plante qui puisse retenir le sol de partir avec l’eau et la pente. Il faut planter des arbres pour empêcher l’érosion.

Sans l’expérience du terrain nous n’aurions pas cette analyse bien sûr, mais l’imagerie fournie par la navette spatiale et les connaissances et l’interprétation d’Alain Gachet, nous permettent désormais de placer nos priorités. C’est une révolution pour l’agriculture et le développement durable.

La navette spatiale nous conforte dans notre choix d’agriculture naturelle pronée par le vieux sage Masanobu Fukuoka. Utiliser tous les moyens pour comprendre la nature et tenter de s’en faire une alliée pour cultiver et nourrir les hommes.

Dialogue avec la terre : les plantes bioindicatrices

May 12th, 2009

Gérard Ducerf, notre collaborateur, a créé cette nouvelle méthode d’analyse des sols et de leur dynamique grâce aux plantes adventices, qui poussent spontanément dans les sols. Explication par la vidéo :

Le domaine est le domaine Trévallon, le vin d’Eloi Durrbach vin de table parmi les meilleurs du monde.

Respect pour la vie

May 12th, 2009

Theodore Monod rencontre le Professeur Albert Schweitzer, l’ homme de Grunsbach en Suisse, l’homme de Lambarene en Afrique… le Professeur Schweitzer, et Pierre Teilhard de Chardin seront ses correspondants de toute la vie.

Theodore sera toujours étonné devant la vie; jamais il ne pensait qu’elle puisse être si forte tant le mal était pour lui une question insoluble. Theodore Monod tentait de penser le mal, la violence.

La dernière fois que je l’ai vu il m’a pris par le bras et me dit “97 ans, c’est obsène”, comme si la vie était plus forte, plus violente qu’il n’ait jamais pu l’imaginer. Teilhard la projetait dans le ciel, Albert à travers les hommes… Theodore dans la vie, action… la vie a ses limites… avait il vraiment réalisé ce que cela impliquait?

Son éternelle interrogation, une véritable question mystique, restera cette photographie; une photo aerienne du désert où les vents semblent venir de toutes parts : George dis moi d’où vient le vent? De partout Théodore.

La vie est là, dans cette photo de désert. Personne ne saura jamais… Révérence pour la vie.

Et moi je rentrais me plonger dans un thème de Theolomius Monk, epistrophy… après une ballade autour de l’Ile Saint Louis avec cet aveugle qui me désignait des méduses dans la Seine, des crevettes, des crabes…

Un jour nous somme allés à France télévision ensembles avec la productrice : une grande porte ouverte en verre sur le côté, tout le monde prend les portes battantes, theodore qui ne voit pas à 2cm nous prend les bras: “passez par là c’est ouvert…”

Il arrive un moment où vous avez tant aimé la nature que la vie vous parle et vous n’y pouvez plus rien.

La “menestra de verdura” : le bonheur du Printemps au Pays Basque

May 10th, 2009

menestrapEnfin, c’est le Printemps tant attendu, le voila ce soir de Mai qui apparait dans nos assiettes.

Un trésor : la Menestra Navaraise, un rare moment de délice qui se matérialise le temps d’une courte semaine chaque année; lorsque les premiers légumes sont encore si petits, ni farineux, ni fibreux.

Nous vous livrons enfin la vraie recette de la “menestra de verdura” passée de main en main, de bouche à bouche, dans les cuisines basques depuis des générations. Les légumes prennent toujours un peu de temps à éplucher, mais le plaisir est garanti. Au pays basque ce plat mobilise les foules, des concours sont organisés dés son apparition un peu partout en Navarre et à ce moment précis nous la réalisions à Paris.

Ingrédients pour 5 :

10 artichauts poivrades, 2kg de petits pois frais, 2kg de petites fèves, 1kg de blette, 1/2 kg de petite pomme de terre, 2 bottes d’oignon frais, 1 ail frais entier, 50 gr de gras de jambon ibérique, 20 gr de talon de jambon ibérique, 1 oeuf, 50gr de farine, safran, sel, huile d’olive bio, la moitié d’un chile pasilla de Oaxaca (ça c’est la touche des foodingues, un grain de sel pour la nouvelle génération de la cuisine basque).

Veillez à ce que tous les ingrédients soient bio : un légume bio a du goût, il a 30% de matière sèche de plus que le conventionnel, donc 30% de substance en plus et non d’eau (si vous préférez payer de l’eau…); enfin parce que rien de cette préparation ne sera jeté, car les épluchures nous servent pour réaliser le bouillon qui déglacera les poelles et qui cuira les légumes; les pesticides se concentrent dans les peaux, il vaux mieux éviter)

La Recette des foodingues :

tous les ingrédients sont cuits séparément et assemblés à la fin.

Eplucher tous les légumes, mettez les restes dans une casserole pour faire un bouillon excepté les feuilles d’artichaut qui pourraient rendre le bouillon trop amères. (mettez en quelques une car l’artichaut ouvre les papilles aux sucres).

- les artichauts poivrades : avec un couteau à dents, couper les poivrades au niveau du point le plus renflé pour retirer la partie haute des feuilles; retirer les feuilles dures des flans; couper les en quatre quartiers égaux, retirer les poils le cas échéant. Dans un grand fait-tout verser un fond huile, mettre les dents d’ail frais et la tige d’ail finement coupée avec les quartiers de poivrade et une bonne pincée de sel; mettre à feu doux et les oublier pendant un bon quart d’heure avec un couvercle; quand les odeurs de caramel commencent à apparaître retourner les quartiers d’artichaut et remuer l’ail, laisser 5mn de plus recouvert; ajouter le gras du jambon ibérique avec les petits bouts de maigre coupés en morceaux minuscules; découvrir et monter la chaleur pour faire revenir rapidement et caraméliser; jeter une louche de bouillon pour déglacer; mettre de côté.

- les petits pois : faites fondre dans de l’huile d’olive la botte d’oignons hachée avec une pincée de sel; jeter les petits pois, puis ajouter deux louches de bouillons; cuire à feu doux 10mn;

- les fèves : même chose que les petits pois;

- les asperges : une fois épluchées, les faire revenir dans une poelle dans l’huile d’olive, une pincée de sel et du chile mexicain sec haché; cette manière de cuire les asperge permet de concentrer les goûts et de ne pas perdre les sucres qui disparaissent d’habitude dans l’eau. Pour les piments nous utilisons les chipotle et les pasilla de Oaxaca qui sont séchés au feu de bois, cela rajoute un doux gout de fumé sucré aux asperges.

- les blettes : faire sauter les feuilles vertes avec de l’ail dans de l’huile d’olive; et de l’autre côté, couper les côtes de blette en morceaux de 10 cm; les fariner; battre l’oeuf dans une assiette creuse, avec une pincée de sel, une pincée de safran et du chile pasilla de Oaxaca haché; passer les côtes de blette farinées dans l’oeuf et les jeter dans une poelle qui contient moins d’1cm d’huile d’olive bouillante.

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Et voila. Assembler tous les ingrédients en laissant libre court à votre créativité.

A San Sebastien on sert cette merveille avec le fameux Txakoli de Getaria, le Txakoli Txomin Etxaniz est le plus réputé; personnellement j’ai une préférence pour le Txakoli Aizpurua. Il se sert en cassant la bulle en le versant de haut dans un grand verre fin sans pied.

A Pamplune, capitale de la Navarre, ou à Lodosa, capitale des légumes, on sert sous le manteau une merveille de vin blanc qui s’appelle Ossian, un grand vin de Castilla y Leon trés peu connu. Le 2005 est une damnation, dépéchez vous je pense qu’il n’en reste… plus. Alors que dans la capitale historique de la Menestra, Tudela, là même où se déguste la première menestra de l’année, on prendra le vin de Cintruenigo “Colleccion la merveille de Julian Chivite. A plat d’exception, vins d’exception.

Argentine 6 : en agriculture l’important c’est la femme.

April 30th, 2009

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La réussite d’un projet agricole est avant tout la réussite d’un projet social.

Aujourd’hui l’agriculture en Argentine est essentiellement une affaire d’homme et surtout une histoire d’hommes d’affaire. Les gigantesques propriétés appartiennent pratiquement toutes à des groupes privés et à des financiers bien loin de la tradition agricole. Les Gauchos et les paysans traditionnels sont devenus des ouvriers agricoles. Les propriétaires ne comptent plus que sur des ingénieurs agronomes, ceux-là même qui ont transformé l’agriculture en industrie autour du monde.

Le role d’une estancia de 40 000ha, comme celle-ci, en Argentine, est de produire des veaux qui partiront pour être “finis” dans des “feed-lots”. Quelques semaines aprés avoir vu le jour, 70% des veaux argentins sont envoyés dans la banlieu de Buenos Aires en confinement, pour ne jamais plus voir un brin d’herbe de leur vie. Ils sont nourris essentiellement au tourteau de soja transgénique et tourteau de maïs OGM, résidu de la production de bio éthanol.

En 15ans, la viande argentine, réputée comme la meilleure au monde, a disparue. C’est aujourd’hui le sous-produit de cultures transgéniques, injecté de pesticides systémiques et d’antibiotiques. Quelle tristesse. Aprés la grippe aviaire, la grippe porcine, que nous prépare-t-on?

Devant ce désastre qui se déroule sous leurs yeux, que pensent les fiers Gauchos argentins? Pourquoi les ingénieurs aspergent-ils les riches pâturages de glyphosate? Pourquoi détruisent-ils cette richesse qui contient tout ce dont a besoin un ruminant pour se nourrir et construire son système immunitaire?

Les Gauchos sont devenus des employés à la merci des conditions économiques de leur employeur. Leur unique motivation serait peut-être encore ces journées entières sur leur monture dans l’immensité de la Pampa. Mais en réalité, le Gaucho n’a plus aucune réelle motivation pour son travail. Finalement le blues décrit par Jorge Luis Borges, n’était-il pas l’age d’or du Gaucho?

Dans l’estancia où nous travaillons, les Gauchos, appelés aussi “Peones”, simples employés agricoles, sont payés le double d’ailleurs par le propriétaire. Le nouveau propriétaire veut installer un véritable volet social dans le développement et la gestion de cette propriété. Seulement ici l’argent ne sert pas à grand chose. Nous sommes à 5 heures de bus de la première ville. Il n’y a rien pour quoi dépenser son argent. Ici l’argent n’est pas tout.

Il y a 30 familles, 30 hommes mariés, 30 femmes et 3 à 6 enfants pour chaque couple. Ils vivent sans véritable projet de vie, projet de société. C’est un monde de Gauchos fiers, un monde d’homme, de “machos”, dirait-on en espagnol, sans le côté péjoratif du mot en français. Des machos qui font leur boulot, sans avoir un mot à dire et qui observent sous leurs yeux des pratiques agricoles qu’ils ne comprennent pas toujours. Ils n’ont aucune propriété. Leurs maisons viennent toutes d’être refaites gratuitement. Le moindre besoin, décoration, etc. ils se tournent vers le propriétaire. Au nouveau venu ils ferait plus penser à de grands enfants assistés qu’à des hommes responsables. Une estancia aujourd’hui ressemble davantage à l’expression classique d’un patriarcat de la révoltution industrielle, qu’à une entreprise moderne.

Où veut-on aller de cette manière… Dans le mur? L’histoire est remplie d’exemples similaires.

C’est là où nous intervenons. Nous proposons de travailler sur trois axes sociaux pour relancer la dynamique des habitants de l’Estancia, provoquer leur créativité et leurs désirs de s’épanouir à travers le développement de l’estancia qui fait partie de leur propre développement :

  • La participation et la compréhension des stratégies agricoles entreprises : que les Gauchos puissent avoir voix au chapître et nous fasses bénéficier pleinement de leur expérience.
  • Donner une place aux femmes : à travers la création, la participation et la copropriété dans une entreprise commune avec l’estancia où chacune pourra réaliser un projet à sa mesure. Une entreprise qui servira tant de micro crédit, de lieu de création, de production et de distribution des produits qu’elles pourraient réaliser à partir du potentiel disponible sur l’estancia.
  • Assurer un devenir durable pour la main d’oeuvre de l’estancia : préparer une place pour les enfants et établir les bases pour une situation durable de l’emploi sur l’estancia par son développement.

Pour les Gauchos, il est essentiel qu’ils puissent se sentir partie prenante du devenir de l’estancia. Appartenir est le maitre mot. Ainsi il faut organiser régulièrement des réunions festives, des prétextes musicaux, asados traditionnels argentins, à l’occasion desquels la destinée agricole de l’estancia soit discutée et mise à l’avis des Gauchos pour bénéficier de l’expérience et de la connaissance du terrain de chaque gaucho, car c’est eux qui parcourent tout le territoire à longueur de journée.

Mais le plus important concerne les femmes. Aujourd’hui elle n’ont aucune place. L’avenir de l’estancia dépend du rôle dévolu aux femmes. Elles doivent prendre de l’importance à travers la création d’une entreprise commune avec l’estancia pour créer, produire et distribuer les produits dérivés de la production agricole et de la nature disponible sur l’estancia. Cette entreprise sera le moyen d’avoir leur entière participation, comme la possibilité de développer des microcrédits pour les entreprises individuelles, de financer les formations pour affiner les produits et le cadre pour développer la créativité des habitants de ce lieu riche et si peu exploité.

Ainsi nous allons créer une société participative en commençant par produire des spécialités bio de qualité destinées d’abord au marché argentin :

- Des spécialités à partir de produits sauvages :

  • des confitures de sureau, de pêches sauvages (pêches de vigne), d’épine vinette…
  • du miel sauvage d’une qualité exceptionnelle.

- Des spécialités à partir des cultures de l’estancia :

  • des confitures d’airelles, de myrtilles
  • des jus de fruit frais
  • du “dulce de leche” bio, la confiture de lait mythique de l’argentine (j’ai vu un vétérinaire de Buenos Aires vider un saladier de dulce de leche fait par la cuisinière de l’estancia, jurant qu’il n’en connaissait pas de meilleur).

- Des spécialités de viandes séchées :

  • Viande des grisons à partir du filet de boeuf.
  • Cecina, spécialité espagnole à partir de l’entrecote.
  • Pastrami, entrecote casher ou halal éventuellement assaisonée d’ail et de piment doux.

Toutes ces spécialités sont étrangement absentes du menu argentin… et pourtant ils adorent le boeuf, ils rafolent du jambon cru, alors pourquoi ne pas créer un type de jambon argentin à partir du boeuf?

- développer des cultures spécialisées à haute valeur ajoutée :

  • Des spécialités andines : pomme de terre originelle, quinoa, maca, courges…
  • des plantes ornementales : bégonias spéciaux, jasmin de Juyjuy,…
  • des champignons frais pour les communautés asiatiques du marché argentin et brésilien : ganoderma sp., shitake (lentin du chêne), etc.

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Des spécialités de fromages :

  • la “quesadilla”, une sorte de mozzarella semi sèche qui est servie avec le dulce de leche.
  • Une tome de vache…

Mais là vient tout de suite l’intéret de la création de l’entreprise: travailler sur la formation des gens pour raffiner les savoirs-faire.

Une petite anecdote :

Quand le SIAL, le Mondial de l’alimentation à Paris a donné carte blanche aux Foodingues associés à la société NovaleNext pour présenter les tendances de l’alimentation mondiale sur un stand de 350m2, l’un des choses qui nous tenait à coeur était de présenter le rêve du Camembert

Lorsque le Général de Gaulle a pris ses quartiers aux Palais de l’Elysée, il a banni le fromage des tables du palais présidentiel. En France, trop de fromage, les repas durent trop longtemps. Tous? Non. Seul un Camembert, le Royal Montgomery, était autorisé. Le plus drôle était que le même fromage figurait à la table des Windsor, la famille royale britannique, à Buckingham Palace. Un comble pour notre ancien président; c’était le seul point commun avec notre général qui ne les tenait pas particulièrement dans son estime.

Nous avons contacté Mr Durand à Camembert qui avait pris sa retraite depuis 1982 pour qu’il nous refasse sa merveille… vacheveauxjpg1“mais mon bon monsieur, quand je faisait mon fromage mes vaches produisaient 3000 litres par ans, aujourd’hui les vaches en produisent 10 fois plus… et pourtant l’herbe n’a pas changé… Désolé, ce n’est plus possible.”

L’estancia dispose de 200 vaches Pardo Suisse, rarissime. Elles n’ont pas été exploitées depuis… Un véritable trésor surtout avec la biodiversité exceptionnelle de paturages à leur disposition sur l’estancia.

La société devra produire également du parmesan certifié bio pour satisfaire les gouts italiens de la population argentine. C’est pourquoi le développement d’une telle entreprise pourra permettre peu à peu, en fonction des bénéfices acquis, le financement d’expertises pour parfaire le savoir faire nécessaire à l’exploitation d’une telle richesse naturelle.

- Des spécialités à partir des production de noix (8000 noyers sont plantés cette année) :

  • de l’huile de noix,
  • des spécialité de noix confite
  • des gateaux de noix avec les tourteaux issus de la presse de l’huile…

Bon mais il n’y a pas que l’agroalimentaire, les femmes peuvent créer une petite unité de production de cosmétiques simples qui se développera peu à peu. Cette ligne se développera avec la participation du laboratoire de biologie molleculaire de l’université de Tucuman, auprés de laquelle les gens de l’estancia intéressés pourront effectuer des stages de formation.

- petite ligne de cosmétique bio :

  • savons à base d’huile d’algue
  • crèmes d’huile d’algue
  • compléments alimentaires à haute teneur en chlorophile et minéraux à base de tourteau d’algue séchée
  • huiles essentielles : verveine, sauge, lantana, etc.

Ces femmes bénéficieront de formation de design par les foodingues, tant au niveau du packaging, des recettes que des formulations. Cette entreprise permettra aux femmes d’intervenir à terme dans l’aménagement de leur cadre de vie. Les gains pourront servir à créer une salle de cinéma, une salle de fête… développer les activités qui les intéressent… redynamiser la vie de l’estancia grace à leur participation pleine et entière.

Argentine 5 : transformer une pollution en biodiesel

April 18th, 2009

entreepgmaisonLorsque nous sommes arrivés dans ce territoire de 40 000 ha, la politique agricole avait été complètement bouleversée depuis 4 ans. Les anciens propriétaires n’avaient pas d’argent à investir dans ce lieu; on faisait avec les moyens du bord. Les nouveaux propriétaires ont fait appel à des ingénieurs agronomes modernes qui ont pris les choses en main, pour le meilleur et pour le pire.

Avec cette modernité apparait l’utilisation de produits chimiques comme remède à tout: on veut démaquiser, un coup de 24D, on veut désherber avant de planter, un coup de glyphosate et des semences OGM résistantes au glyphosate, on veut nettoyer cours d’eau et canaux d’irrigation, un coup de 24D mélangé au 245T additioné de chloromethane et d’un détergent pour faire mieux pénétrer les produits chimiques dans les plantes… (mélanges tristement célèbres… agent orange, agent rouge, agent blanc… couleurs que l’artificier américain choisissait pendant la guerre du Vietnam selon la topologie du lieu à attaquer).

Lorsque l’on a affaire à autant de produits à faible capacité de biodégradabilité lachés dans la nature, nous parlons de bioaccumulation; un concept qui n’est qui n’est que trés peu pris en compte par les institutions de surveillance et controle, voire jamais.

Ces produits chimiques sont utilisés pour désherber, donc toutes les plantes locales disparaissent et font la place belle aux plantes d’origines étrangères… en observant bien l’on se rend compte sur les champs aspergés qu’une semaine plus tard ces plantes sont encore là en tout petit, mais avec de nouvelles plantes… d’où une deuxième voir une troisième aspersion. Le glyphosate, 24D, etc. sont tous issus de la recherche pendant la guerre de ICI en Angleterre et Dow Chem aux US pour aider à apporter une fin radicale à la 2nd guerre mondiale en aspergeant les champs des nazis pour les faire creuver de faim.

galega-cigue2Nous parlerons des incidences sur les animaux déclenchées par l’utilisation intempestive de cette chimie plus tard. 2 semaines d’études systématiques approfondies sur ce lieu précis nous montrent que l’aspersion de cette chimie herbicide provoque ici, dans cette vallée, par la suite, la prolifération de 2 plantes: le galega officinal, et la grande cigue; toutes deux sont d’origine méditerranéenne.

Le galega est une plante légumineuse qui en Europe est réputée pour son utilisation contre le diabète. Ici comme le bétail n’en veut pas, elle est considérée comme une indésirable. Gérard Ducerf qui avait une commande de galega officinal par un laboratoire pharmaceutique avant de venir en Argentine était dégouté. En Europe impossible de mettre la main sur cette plante en quantité suffisante pour le labo, ici il y en a des tonnes mais impossible à récolter car sur un terrain aspergé de chimie.

La grande cigue, tout le monde la connait, c’est un poison violent rendu célèbre par Socrate.

cigueirrigation2homme2Au dessus, vous voyez une bande blanche de cigue apparue 2 semaines après le passage du monsieur à droite qui asperge le mélange désherbant local décrit plus haut.

24-d245tVoila les deux mollecules essentielles du desherbant. Comme on le voit nous sommes en présence d’hexagones de carbones avec trois doubles liaisons chacun… quasi impossible à biodégrader… mise à part la combustion, tout aussi polluante… lesfoodingues utilisent des champignons et quelques bactéries pour préparer les terre en effectuant un tel tour de force.

ciguedianMais voila, sur une grande superficie cela peut avoir des conséquences dramatique. Un passage de glyphosate et 2 passages de 24D ont provoqué la prolifération de la grande cigue sur 30 ha… Et là il n’y a plus rien à faire. Plus on asperge plus elles reviennent.

D’un côté c’est bien qu’elles reviennent car elles ont un rôlede dépollution à assurer et de restructuration des sols à effectuer après une attaque chimique qui a eu un impact certain sur la flore microbiologique du lieu. Quand la plante indicatrice de pollution est un poison violent c’est une autre chose. La cigue dans ce biotope précis joue un peu le rôle chez nous de l’Ambrosia artemisiafolia. Le rôle d’un indicateur de pollution grave par une plante mortelle pour l’homme qui cependant peut devenir un médicament dans les dosages had hoc.

cigue-represa22Les chevaux rentrent dans ce champ de cigue de 2m de haut, les oreilles en arrière, c’est à dire avec la plus grande appréhension. Un homme en combinaison de cosmonaute pourrait débroussailler… mais c’est ultra dangereux l’homme a produit là plus de 30 hectare de poison mortel. La plante a son rôle de dé-pollution à jouer, après elle disparaîtra… mais quand brûler le champ? Nous risquerions de créer des vapeur de cyanure tout aussi nocive que la plante… Trop dangereux. Il n’y a plus rien à faire.

Voila où nous intervenons:

Au milieu de la vallée, il y a une rivière. A la fin, un goulot à travers la montagne. Que se passerait-il si nous inondions le champs? Nous aurions la production de méthane, de carbone fossile, de CO2 et de cyanures et de nitrites…l’enfer. Mais sans s’en rendre compte nous venons là de recréer une micro planète des temps géologiques qui ressemble au quotidien du précambrien… le Protérozoique. La chose intéressante dans la botanique est que des bactéries aux blé ou aux orchidées tous les ages géologiques du vivant sont représentés… c’est l’évolution de ces êtres qui a préparé la terre pour notre propre développement, nous humains.

Alors qu’est ce qui vivait au précambrien? des micro algues… Ces micro algues utilisent le cyanure comme une sorte d’engrai et transforment le CO2 en oxygène. Elle se reproduisent toutes les 6 heures environ et lorsqu’elles sont mûres leur corps est composé de 30 à 60% environ d’huile. Résultat: ces micro algues dépolluent, produisent du bio diesel et le reste de protéines avec des vitamines et de la chlorophylle.

Sur 30 ha nous allons pouvoir produire suffisamment de diesel pour la propriété, fuel de chauffe comme diesel pour les voitures et les tracteurs et le résidu? du tourteau d’algue qui pourra complémenter la nourriture du bétail l’hivers et si le besoin se fait sentir il pourra être utilisé comme engrais pour les cultures.

Cette algue peut-elle devenir envahissante et polluer tous les cours d’eau? Non, car elle est trop haute dans la chaine alimentaire et peut nourrir tout le monde. C’est un véritable bonbon. C’est bien le problème d’ailleurs. Une fois l’endroit dépollué et cette algue développée, quelle quantité échapera-t-il de la prédation (poissons, batraciens, oiseaux…)? La production d’algue assez conséquente, avec une estimation suite aux essais en laboratoire de 90tonnes ha/an.

Désormais les foodingues sont en train d’affiner la sélection de la bonne algue et de créer un design adapté à l’endroit, pour récolter et faire le process pour presser et séparer le tourteau de l’huile. Une vrai création qui permettra à terme de libérer les fermiers des contraintes énergétiques.

Si la production d’algues se développe comme prévu, la pollution sera maintenu à terme en versant dans cet espace les peaux des noix afin de fournir le carbone et le cyanure nécessaire à l’algue. Ce serait une manière idéal de se débarrasser des résidus de la culture de noix qui pourrait devenir une pollution conséquente vu les surfaces considérables de noyers (400 arbres sur 50 ha).

Si cette production d’huile n’est pas suffisante… l’algue aura servit de dépollueur et sauvera la vallée d’une contamination au cyanure et de dégagement de gaz à effet de serre. Donc un bilan positif quoiqu’il arrive.