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Posts tagged ‘agriculture’

2050, 9 milliards d’obèses ? “Gratuit c’est meilleur !”

May 4th, 2013

Et voila ! Les Foodingues lancent le “Manifeste Gratuit des Herbes Folles” “‘Gratuit c’est meilleur!”, aux Editions du Toucan, 360 pages…Un pavé dans la mare des tartiflettes et autres commisérations sur la malbouffe et la catastrophe planétaire annoncées. Ecoutez nous sur France Culture, dans l’excellente émission d’Alain Kruger, Bruno Verjus et Claire Oberkampf : “On ne parle pas la bouche pleine” .

Le Manifest Gourmand des Herbes Folles, Diana Ubarrechena, George Oxley, Gérard Ducerf, ed Toucan

Le Manifest Gourmand des Herbes Folles, Diana Ubarrechena, George Oxley, Gérard Ducerf, ed Toucan

Assez de reportages sur les famines intercontinentales, ou de pauvres hères meurent de faim, au beau milieu de plantes ultra-nourrissantes sans le savoir. Des aides humanitaires qui les poussent cultiver des céréales 2 fois moins nourrissantes que les mauvaises herbes qu’on leur enseigne à éradiquer. Fini les cultures de pénurie. Car toute cette nourriture est à nos pieds, disponible librement, sans besoin d’argent : Gratuit c’est meilleur !

Désormais la science et l’intelligence avec la nature, cherchent à réconcilier le sauvage et l’agriculture pour permettre aux hommes de s’épanouir dans un vent de liberté.

Oui, en 2050, 9 milliards de terriens pourront avoir le choix d’être gros !

Gros s’il le veulent, bien sûr, comme les Milarepa ou Padmasambava qui ont introduit le bouddhisme au Tibet : ils ne mangeaient que des orties et sont représentés en beaux poupons bien joufflus chevauchant leur tigre qui n’était pas en peluche… Attention aux régime : l’ortie est très riche, elle pousse sur les excès d’azote et de carbone…

asphodele

Asphodèle

Chenopode

Chenopode

Aussi le chénopode et l’amarante, dont le quinoa est le cousin cultivé, sont déclarés par l’OMS comme 2 fois plus nutritifs qu’un steak ! avec 1 fois et demi plus de calcium que le lait… et surtout toute la boite à outil nécessaire à fixer ce fameux calcium.

L’asphodèle, le plat favorit de Demostène, est aussi une plante ultra nourrissante. Ses tubercules sont délicieuses. Nous en avons fait une tortilla, une mini omelette espagnole de 6cm de diamètre, qui suffit à un repas pour 2 personnes.  Personnellement je trouve les oeufs trop riches. Les tubercules d’asphodèles servent de prébiotiques, qui facilitent leur digestion. Il est désormais prouvé que les bacilles qui aident notre intestin à digérer sont identiques à ceux qui vivent en symbiose avec ses tubercules… Certains scientifiques pensent même que notre gros colon se serait constitué en adoptant ceux de l’asphodèle…

Autre plante sauvage, le Coniza Ssp., anciennement nommée érigéron, il produit une hormone de croissance identique à celle utilisée par l’homme. Il y a peu encore les indiens d’Amérique la frottait entre les mains, sur un bout de bois et un peu de paille pour faire du feu. Comme elle pousse sur un sol compacté où il y a des excès de nitrate… imaginez un groupe de singes qui tapent le sol du pied, défèquent … et voila que l’érigéron pousse, apporte le feu et une hormone de croissance humaine…

Nous avons passé 8 millions d’années à manger des plantes sauvages. Seulement 10 000 ans d’agriculture. Ce sont elles qui nous ont formés, qui nous ont transmis la pâte qui nous a constituée, les acides aminés et quelques gènes de notre ADN. Nous devons beaucoup plus que nous ne pouvons imaginer à ces herbes folles, que l’on cherche à détruire ou à ignorer aujhourd’hui.

Une Herbe Folle ne pousse pas par hasard. Sa graine décide de pousser lorsque les conditions du sol répondent aux conditions du sol pour lesquelles sa génétique l’a programmé. Voila pourquoi, en apprenant à mieux les connaitre, elles peuvent  nous indiquer les qualités réelles du sol, sa dynamique, vers quoi il évolue… et ainsi elles peuvent nous permettre de mieux cultiver. Voici tout le travail que nous réalisons auprès des agriculteurs, avec SOS SOIL, en Europe, en Argentine, en Asie… depuis 20ans… tout ce savoir et cette expérience à travers la planète, que nous tentons de transmettre pour avoir de la nourriture, des produits de soin ou des cosmétiques plus sains…

Certaines de ces herbes folles vivent avec les cultures, elles leur sont spécifiques. Elles ne les concurrence pas, bien au contraire, elles vivent avec elles en symbiose, pour empêcher l’évaporation de l’eau, échanger des nutriments, créer davantage de fertilité. Si les champs ne sont pas labourés, elles sont branchées aux racines même des cultures, grace à un réseau de mycelium qui travaille à rechercher davantage de nutriments et de ressource en eau. Et au final, ces plantes transforment un plat de céréale banale, apportant toute une diversité de nutriments, en un plat ultra complet en vitamines et minéraux… et surtout qui parle à notre créativité, à notre inventivité culinaire, à tout ce qui fait notre gastronomie.

Seulement il ne faut pas se tromper. Il faut savoir les reconnaitre… c’est pourquoi nous avons fait ce livre accompagné de fiches techniques et de photos détaillées pour être sûr à tous les coups, de manière simple et précise.

Mais l’intérêt de les manger, c’est aussi que l’on s’en souvient bien mieux. La gourmandise est le meilleur des professeur. On sait désormais que notre estomac est tapissé de neurones. Notre estomac est notre deuxième cerveau. Mis bout à bout, les neurones de notre système digestif sont aussi gros que le cerveau d’un chat. Et vous savez bien ce n’est pas la quantité qui compte… pequeño pero maton!… Alors vous verrez que vous vous passerez rapidement de ces fiches… comme des recettes d’ailleurs… elles ont beau être originales, vous en ferez bientôt des meilleures… “Les plantes sauvages c’est comme l’amour, cela ne s’explique pas” belle réplique de Diana Ubarrechena “elles nous montrent que nous avons tous le Chip Cro Magnon “… (comme ce Reportage de TF1 vous le montre)

Alors lisez le et débarrassez vous en vite! Apprenez de toutes les petites histoires qui nous lient à elles, la découverte des antioxydants par Chevreul grâce au merveilleux Reseda, la découverte de la première couleur synthétique par Perkin, l’histoire fabuleuse du pastel et la fin de l’esclavage, la naissance du mythe de Dracula à travers l’histoire de la Grande Berce aphrodisiaque… cette plante que la reine Victoria essaya d’éradiquer avec le premier herbicide chimique pour que les pauvres arrêtent de se reproduire…

Le Manifeste Gourmand des Herbes Folles nous rappelle à nos origines, il nous apprend que c’est bien “Deus Ex Culina” et non “Deus Ex Machina”, comme on nous a bien voulu faire croire. Mais le plus étonnant pour notre société mercantile reste que tout cela ne coute rien ! “Gratuit C’est Meilleur”

Alors 9milliards de gros en 2050 ?… Vous verrez bien… Les herbes folles nous mènent sur les chemin du bonheur en toute liberté.

La navette spatiale Atlantis travaille pour l’agriculture

May 12th, 2009

Pendant que tout le monde s’intéresse au futur du satellite Hubble, nous avons mis la navette spatiale Atlantis de la NASA au service de l’agriculture grâce à notre génial collaborateur Alain Gachet.

Pendant ses révolutions autour de la terre, la navette spatiale Atlantis mitraille notre planète de photos et de détections radar qui plongent jusqu’à 30m sous le sol. Ces images sont récupérées par Alain qui les décrypte à sa manière. Alain, ingénieur de l’Ecole des Mines de Paris, grand explorateur de terrain et géologue trouveur de pétrole pour Elf/Total pendant 20ans, connait la morphologie de la terre mieux que tout. Avec les images de la navette spatiale, il épluche littéralement la terre comme un oignon, et met à jour toutes ses strates.

Grâce à ce travail nous trouvons de l’eau pour l’agriculteur. Exemple du traitement d’image radar au Pérou, à Lambayeque, un terrain désertique épuisé par les mauvaises pratiques agricoles de l’homme qui a accéléré la tendance du lieu à se désertifier.

sasape-imag-satelite-bajaVoici le domaine pour lequel nous sommes consultés plaqué sur l’image satellite de surface.

Perou_SASAPE Watershed3

Alain passe à l’image radar pour comprendre comment fonctionne l’eau dans cette géologie; où sont les bassins collecteurs, dans quelle direction se versent-ils; quels sont les points GPS exacts où l’on doit forer pour avoir une source d’eau de manière durable; à quelle profondeur doit-on forer.

Ici nous nous interessons uniquement aux réserves d’eau qui se renouvellent en permanence. Nous ne touchons absolument pas aux nappes phréatiques qui pourraient s’épuiser par une mauvaise gestion et créer une catastrophe naturelle à long terme.

Perou_SASAPE Water2Sur cette image nous sommes sous le sol, nous suivons les mouvements de l’eau. En surface on ne se doute de rien.

sasapesurfaceToujours plus profond nous allons à environ -30m.

Perou_SASAPE relief2

En utilisant cette technique Alain a pu trouver de l’eau pour le Darfour. Les Nations Unies par la voie du directeur général de l’Unesco viennent de le remercier d’avoir été à l’origine du sauvetage de plus de 300 000 réfugiés au Darfour. Désormais le Pentagone en a fait son allié pour de nouvelles mission pour trouver de l’eau en Irak, en Afghanistan, en Ethiopie, en Somalie…

Pour l’agriculture le travail d’Alain nous permet de prendre du recul et comprendre comment le terrain fonctionne. Il nous permet de comprendre les processus d’érosion et d’évolution du terrain en macro échelle.

Exemple en Argentine : là nous voyons l’Amérique du Sud depuis la navette spatiale

pampa-grande-argentina-location-mapLes carrés noirs sont vraisemblablement des espaces censurés par les Américains, peut être l’armée? Bon rapprochons nous du domaine :

salta-zoomed-area-landsat-3d2Toujours plus prés. Bon là on a visé un peu trop haut; on tombe sur le lac dans lequel se verse l’eau qui vient de l’estancia que nous conseillons.

coronel-mandes-synclinorium2Descendons un peu et traitons l’image de manière à pouvoir comprendre l’évolution géologique, les différentes roches en présence, l’impact et le travail de l’eau sur le terrain.Tout d’abord une image d’ensemble traitée de manière à avoir une bonne idée des grandes tendances édaphiques de la région.

pampa-grande-argentina-location-map1-2Grâce à cette image nous comprenons tout de suite l’impact climatique sur le domaine pour lequel nous sommes consulté.

L’eau vient intégralement des nuages en provenance de l’Amazonie. Nous sommes pieds et poings liés au devenir de la fôret dense. Tous les flan Est sont verts. La propriété se trouve exactement à la frontière avec le début du désert. Une position trés fragile qui nous poussera à être trés prudents et à rechercher tous les moyens pour amortir les effets du réchauffement de la planète. Au vu de cette image, ce doit être notre première priorité :rendre vert ce domaine qui ne l’est pas vu de l’espace, planter de arbres, mieux gérer les ressources d’eau.

Rapporchons nous un peu plus.

fond-landsat-7-4-2-et-transectsDécidément le terrain est bien moins vert qu’il ne pourrait être, bien moins que les espaces non touchés par l’homme. Que se passe-t-il?

fond-topo-couleur-et-transectsToute l’eau du domaine se dirige vers B’ et l’on dirait que rien ne pousse là.

Etudions les coupes de terrain que nous fournit la navette depuis l’espace :

coupe-abTout le domaine est en érosion totale. Nous sommes en présence d’alluvions qui partent toutes vers la rivière. Voyons de l’autre côté sur les autres axes choisis sur le domaine sur de grandes distance afin de mieux comprendre le phénomène :

coupe-cdCe qui sur le terrain semble plat ne l’est en fait pas du tout. La composition du sol rend la situation trés préquaire à long terme. Nous sommes en fait en phase de transformation en canyon. La situation est grave mais pas irréversible si l’on se met tout de suite au travail. Il faut protéger les endroits qui montrent des signes d’érosion avec beaucoup plus de sérieux que nous le pensions après notre étude de terrain. Il faut circonscrire les lieux en danger de tout accés du bétail. Rapprochons nous :

zoom-pampa-grande-landsat-transectscoupe-ab1Si nous ne faisons rien tout va tomber. Il faut stopper tout utilisation de produits chimiques pour desherber, interdire le glyphosate sur le domaine, car il faut renforcer par tous les moyen ce qui peut stabiliser les alluvions. Préserver la mooindre plante qui puisse retenir le sol de partir avec l’eau et la pente. Il faut planter des arbres pour empêcher l’érosion.

Sans l’expérience du terrain nous n’aurions pas cette analyse bien sûr, mais l’imagerie fournie par la navette spatiale et les connaissances et l’interprétation d’Alain Gachet, nous permettent désormais de placer nos priorités. C’est une révolution pour l’agriculture et le développement durable.

La navette spatiale nous conforte dans notre choix d’agriculture naturelle pronée par le vieux sage Masanobu Fukuoka. Utiliser tous les moyens pour comprendre la nature et tenter de s’en faire une alliée pour cultiver et nourrir les hommes.

Argentine 6 : en agriculture l’important c’est la femme.

April 30th, 2009

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La réussite d’un projet agricole est avant tout la réussite d’un projet social.

Aujourd’hui l’agriculture en Argentine est essentiellement une affaire d’homme et surtout une histoire d’hommes d’affaire. Les gigantesques propriétés appartiennent pratiquement toutes à des groupes privés et à des financiers bien loin de la tradition agricole. Les Gauchos et les paysans traditionnels sont devenus des ouvriers agricoles. Les propriétaires ne comptent plus que sur des ingénieurs agronomes, ceux-là même qui ont transformé l’agriculture en industrie autour du monde.

Le role d’une estancia de 40 000ha, comme celle-ci, en Argentine, est de produire des veaux qui partiront pour être “finis” dans des “feed-lots”. Quelques semaines aprés avoir vu le jour, 70% des veaux argentins sont envoyés dans la banlieu de Buenos Aires en confinement, pour ne jamais plus voir un brin d’herbe de leur vie. Ils sont nourris essentiellement au tourteau de soja transgénique et tourteau de maïs OGM, résidu de la production de bio éthanol.

En 15ans, la viande argentine, réputée comme la meilleure au monde, a disparue. C’est aujourd’hui le sous-produit de cultures transgéniques, injecté de pesticides systémiques et d’antibiotiques. Quelle tristesse. Aprés la grippe aviaire, la grippe porcine, que nous prépare-t-on?

Devant ce désastre qui se déroule sous leurs yeux, que pensent les fiers Gauchos argentins? Pourquoi les ingénieurs aspergent-ils les riches pâturages de glyphosate? Pourquoi détruisent-ils cette richesse qui contient tout ce dont a besoin un ruminant pour se nourrir et construire son système immunitaire?

Les Gauchos sont devenus des employés à la merci des conditions économiques de leur employeur. Leur unique motivation serait peut-être encore ces journées entières sur leur monture dans l’immensité de la Pampa. Mais en réalité, le Gaucho n’a plus aucune réelle motivation pour son travail. Finalement le blues décrit par Jorge Luis Borges, n’était-il pas l’age d’or du Gaucho?

Dans l’estancia où nous travaillons, les Gauchos, appelés aussi “Peones”, simples employés agricoles, sont payés le double d’ailleurs par le propriétaire. Le nouveau propriétaire veut installer un véritable volet social dans le développement et la gestion de cette propriété. Seulement ici l’argent ne sert pas à grand chose. Nous sommes à 5 heures de bus de la première ville. Il n’y a rien pour quoi dépenser son argent. Ici l’argent n’est pas tout.

Il y a 30 familles, 30 hommes mariés, 30 femmes et 3 à 6 enfants pour chaque couple. Ils vivent sans véritable projet de vie, projet de société. C’est un monde de Gauchos fiers, un monde d’homme, de “machos”, dirait-on en espagnol, sans le côté péjoratif du mot en français. Des machos qui font leur boulot, sans avoir un mot à dire et qui observent sous leurs yeux des pratiques agricoles qu’ils ne comprennent pas toujours. Ils n’ont aucune propriété. Leurs maisons viennent toutes d’être refaites gratuitement. Le moindre besoin, décoration, etc. ils se tournent vers le propriétaire. Au nouveau venu ils ferait plus penser à de grands enfants assistés qu’à des hommes responsables. Une estancia aujourd’hui ressemble davantage à l’expression classique d’un patriarcat de la révoltution industrielle, qu’à une entreprise moderne.

Où veut-on aller de cette manière… Dans le mur? L’histoire est remplie d’exemples similaires.

C’est là où nous intervenons. Nous proposons de travailler sur trois axes sociaux pour relancer la dynamique des habitants de l’Estancia, provoquer leur créativité et leurs désirs de s’épanouir à travers le développement de l’estancia qui fait partie de leur propre développement :

  • La participation et la compréhension des stratégies agricoles entreprises : que les Gauchos puissent avoir voix au chapître et nous fasses bénéficier pleinement de leur expérience.
  • Donner une place aux femmes : à travers la création, la participation et la copropriété dans une entreprise commune avec l’estancia où chacune pourra réaliser un projet à sa mesure. Une entreprise qui servira tant de micro crédit, de lieu de création, de production et de distribution des produits qu’elles pourraient réaliser à partir du potentiel disponible sur l’estancia.
  • Assurer un devenir durable pour la main d’oeuvre de l’estancia : préparer une place pour les enfants et établir les bases pour une situation durable de l’emploi sur l’estancia par son développement.

Pour les Gauchos, il est essentiel qu’ils puissent se sentir partie prenante du devenir de l’estancia. Appartenir est le maitre mot. Ainsi il faut organiser régulièrement des réunions festives, des prétextes musicaux, asados traditionnels argentins, à l’occasion desquels la destinée agricole de l’estancia soit discutée et mise à l’avis des Gauchos pour bénéficier de l’expérience et de la connaissance du terrain de chaque gaucho, car c’est eux qui parcourent tout le territoire à longueur de journée.

Mais le plus important concerne les femmes. Aujourd’hui elle n’ont aucune place. L’avenir de l’estancia dépend du rôle dévolu aux femmes. Elles doivent prendre de l’importance à travers la création d’une entreprise commune avec l’estancia pour créer, produire et distribuer les produits dérivés de la production agricole et de la nature disponible sur l’estancia. Cette entreprise sera le moyen d’avoir leur entière participation, comme la possibilité de développer des microcrédits pour les entreprises individuelles, de financer les formations pour affiner les produits et le cadre pour développer la créativité des habitants de ce lieu riche et si peu exploité.

Ainsi nous allons créer une société participative en commençant par produire des spécialités bio de qualité destinées d’abord au marché argentin :

- Des spécialités à partir de produits sauvages :

  • des confitures de sureau, de pêches sauvages (pêches de vigne), d’épine vinette…
  • du miel sauvage d’une qualité exceptionnelle.

- Des spécialités à partir des cultures de l’estancia :

  • des confitures d’airelles, de myrtilles
  • des jus de fruit frais
  • du “dulce de leche” bio, la confiture de lait mythique de l’argentine (j’ai vu un vétérinaire de Buenos Aires vider un saladier de dulce de leche fait par la cuisinière de l’estancia, jurant qu’il n’en connaissait pas de meilleur).

- Des spécialités de viandes séchées :

  • Viande des grisons à partir du filet de boeuf.
  • Cecina, spécialité espagnole à partir de l’entrecote.
  • Pastrami, entrecote casher ou halal éventuellement assaisonée d’ail et de piment doux.

Toutes ces spécialités sont étrangement absentes du menu argentin… et pourtant ils adorent le boeuf, ils rafolent du jambon cru, alors pourquoi ne pas créer un type de jambon argentin à partir du boeuf?

- développer des cultures spécialisées à haute valeur ajoutée :

  • Des spécialités andines : pomme de terre originelle, quinoa, maca, courges…
  • des plantes ornementales : bégonias spéciaux, jasmin de Juyjuy,…
  • des champignons frais pour les communautés asiatiques du marché argentin et brésilien : ganoderma sp., shitake (lentin du chêne), etc.

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Des spécialités de fromages :

  • la “quesadilla”, une sorte de mozzarella semi sèche qui est servie avec le dulce de leche.
  • Une tome de vache…

Mais là vient tout de suite l’intéret de la création de l’entreprise: travailler sur la formation des gens pour raffiner les savoirs-faire.

Une petite anecdote :

Quand le SIAL, le Mondial de l’alimentation à Paris a donné carte blanche aux Foodingues associés à la société NovaleNext pour présenter les tendances de l’alimentation mondiale sur un stand de 350m2, l’un des choses qui nous tenait à coeur était de présenter le rêve du Camembert

Lorsque le Général de Gaulle a pris ses quartiers aux Palais de l’Elysée, il a banni le fromage des tables du palais présidentiel. En France, trop de fromage, les repas durent trop longtemps. Tous? Non. Seul un Camembert, le Royal Montgomery, était autorisé. Le plus drôle était que le même fromage figurait à la table des Windsor, la famille royale britannique, à Buckingham Palace. Un comble pour notre ancien président; c’était le seul point commun avec notre général qui ne les tenait pas particulièrement dans son estime.

Nous avons contacté Mr Durand à Camembert qui avait pris sa retraite depuis 1982 pour qu’il nous refasse sa merveille… vacheveauxjpg1“mais mon bon monsieur, quand je faisait mon fromage mes vaches produisaient 3000 litres par ans, aujourd’hui les vaches en produisent 10 fois plus… et pourtant l’herbe n’a pas changé… Désolé, ce n’est plus possible.”

L’estancia dispose de 200 vaches Pardo Suisse, rarissime. Elles n’ont pas été exploitées depuis… Un véritable trésor surtout avec la biodiversité exceptionnelle de paturages à leur disposition sur l’estancia.

La société devra produire également du parmesan certifié bio pour satisfaire les gouts italiens de la population argentine. C’est pourquoi le développement d’une telle entreprise pourra permettre peu à peu, en fonction des bénéfices acquis, le financement d’expertises pour parfaire le savoir faire nécessaire à l’exploitation d’une telle richesse naturelle.

- Des spécialités à partir des production de noix (8000 noyers sont plantés cette année) :

  • de l’huile de noix,
  • des spécialité de noix confite
  • des gateaux de noix avec les tourteaux issus de la presse de l’huile…

Bon mais il n’y a pas que l’agroalimentaire, les femmes peuvent créer une petite unité de production de cosmétiques simples qui se développera peu à peu. Cette ligne se développera avec la participation du laboratoire de biologie molleculaire de l’université de Tucuman, auprés de laquelle les gens de l’estancia intéressés pourront effectuer des stages de formation.

- petite ligne de cosmétique bio :

  • savons à base d’huile d’algue
  • crèmes d’huile d’algue
  • compléments alimentaires à haute teneur en chlorophile et minéraux à base de tourteau d’algue séchée
  • huiles essentielles : verveine, sauge, lantana, etc.

Ces femmes bénéficieront de formation de design par les foodingues, tant au niveau du packaging, des recettes que des formulations. Cette entreprise permettra aux femmes d’intervenir à terme dans l’aménagement de leur cadre de vie. Les gains pourront servir à créer une salle de cinéma, une salle de fête… développer les activités qui les intéressent… redynamiser la vie de l’estancia grace à leur participation pleine et entière.

Mission Design Agricole : Argentine – 1 / Etude des sols par satellite radar : la richesse du sous sol peut cacher un désert…

March 18th, 2009

Nord Ouest de l’Argentine, non loin de la frontière Chilienne et Bolivienne.

Les foodingues sont consultés pour une mission de design agricole sur un domaine de 40 000 hectares. planpgcontour

Il s’agit de faire un audit du lieu, étudier les sols par les plantes bio-indicatrices, améliorer la gestion de l’élevage des 7500 têtes de bétail et 500 chevaux, proposer des diversifications agricoles. L’objectif n’est pas de sur exploiter l’endroit, il s’agit dans un premier temps qu’il ne perde pas d’argent. L’endroit a été repris il y a 4 ans après avoir été longtemps laissé à lui même, un peu à la dérive.

1ere étape: vérifier les ressources hydriques et voir s’il n’y a pas de métaux où autres surprises intéressantes dans le sous sol.

Nous consultons, depuis Tarrascon,  les bases de données des satellites radar de la NASA : 3 petits cours d’eau, quelques traces de cuivre, pas grand chose; rien à signaler de vraiment intéressant de ce côté.

gd-en-argentinered

Mais Alain nous attire l’attention sur la vallée d’à côté… “tu as vu, c’est là qu’il aurait du acheter! je n’ai jamais vu autant d’eau!” Un paradis pour l’agriculture.

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Arrivé sur place c’est tout le contraire: ce qui nous paraissait une petite vallée aride, l’objet de notre étude, est en fait une vallée verte et fertile. De l’autre côté de la montagne, la vallée qui recelle des ressources d’eau extraordinaire… est un désert.

montagnesacreeseche Vous voyez la montagne au fond de la photo panoramique du haut? Et bien voila à quoi cela ressemble de l’autre côté.

Que s’est-il passé? Du point de vue de l’évolution propre de la nature, il n’y a a priori aucune raison valable. C’est un bassin collecteur d’eau formidable et l’évolution géologique y a été similaire de part et d’autre de la montagne.

Seul facteur différent c’est la présence de l’homme. Ce désert est un lieu facilement accessible, qui a été cultivé depuis bien longtemps. Les traces de grottes préhispaniques habitées sont partout.

Cet endroit a été désertifié par une mauvaise gestion des sols par l’homme :

  1. L’agriculture : La technique de culture des indiens: On brule la couverture végétale. On laboure la terre, on sème, on récolte et on recommence. Quand la terre ne donne plus, on la laisse reposer, on va plus loin et on recommence. Seulement les pluies emportent la matière organique du sol, la terre se latérise et il n’y a plus rien à faire.
  2. L’élevage : A même temps le lama et l’alpaca, qui eux choisissent leurs plantes en laissant une couverture végétale, sont remplacés par les bovins. On défriche et déboise. On augmente de plus en plus le nombre de têtes. On surpâture. La couverture végétale disparait. La terre s’érode. Elle décroche… et c’est le canyon.

Il n’y a pas un seul désert dans le monde qui n’ait pas été provoqué par l’homme. Si vous en connaissez un seul, faites moi signe.