La grange solaire : le design agricole et ses idées lumineuses
September 27th, 2009Le pâturage naturel est le meilleur aliment pour un ruminant. Les vaches y trouvent tous les éléments pour constituer leurs défenses immunitaires et les protéines pour faire du muscle et du lait pour leur veaux.
Seulement, sous le Tropique du Capricorne, dans la région de Salta au Nord Ouest de l’Argentine, il ne pleut que les 3 mois d’été austral: Décembre, Janvier, Février. En trois mois, il tombe entre 1000 et 1500 mm d’eau, à peu prés ce qu’il tombe à Brest ou Bruxelles en un an. L’été, au Tropique, c’est aussi le moment où le soleil est à la verticale, au plus proche de la terre.
Dans ces conditions l’herbe pousse d’une manière spectaculaire. En générale l’herbe est le plus équilibrée en protéine et en sucre au moment de l’épiaison, lorsqu’elle fait ses fleurs. C’est à ce moment qu’on doit la récolter pour faire des réserves pour l’hivers optimum pour la nutrition.
Naïvement on pourrait croire que le maïs ou d’autres cultures, pourraient donner un plus grand rendement que l’herbe. Mais c’est faut. Non seulement le maïs n’est pas une nourriture pour la vache, il lui apporte trop de sucre qui ne fait pas de viande, mais de la graisse. Il suffit que votre vache se mette à gambader pour que cette graisse disparaisse immédiatement. Pa besoin d power plat, pas besoin de salle de gym.
En plus, un champs de maïs chez nous, cela donne 80 à 120 quintaux alors, avec l’herbe on dépasse rapidement les 200 quintaux voire sur certaines parcelles on est proche des 600 quintaux avec l’herbe naturelle. Ici on est sous les tropiques; le climat c’est ou trop ou pas assez, jamais au milieu; ce n’est pas une récolte et puis c’est tout; pendant 3 mois, toutes les 3 semaines une coupe nous fournit de 70 à 100 quintaux hectare, sans avoir besoin de labourer, rajouter de l’engrais… cela pousse tout seul. En plus c’est une assiette bien diversifiée, mélangeant plante nourricières, plantes appétentes et plantes médicinales, un repas complet.
Seulement pour conserver le foin, il doit être sec. Ici c’est impossible, il pleut tous les jours. Il faut donc trouver un truc. C’est la grange solaire. Le toit qui protège de la pluie et sert de four pour produire de l’air chaud qui est diffusé au dessous du foin pour le sécher peu à peu.Le foin est apporté par l’autochargeuse devant la grange. Une pince distribue le foin dans la grange; puis prend le foin sec pour le déposer dans l’entonnoir qui amène le foin à la machine qui fait les rouleaux.Puis les rouleaux de foin sont stockés dans l’autre partie de la grange, avant d’être distribués dans des lieux de stockages où l’on en aura besoin.
Ici il y a 7 000 bêtes à nourrir l’hivers, lorsque le pâturage ne pousse plus. La surface utile de pâturage représente environ 20 000 ha. Cela en fait des kilomètres. Aucun déplacement de tracteur ou de pickup ne doit être fait à la légère. Il y a toujours des rouleaux à déplacer. 500 m3 de foin sont séchés par semaine. Une fois compressé en rouleau cela nous fait 200 rouleaux environ. En 10 semaines la grange est pleine. Il faut donc répartir le plus possible les réserve sur tout le territoire.Le principe de la grange solaire: l’air rentre sous le toit pour se réchauffer et être pulsé par un ventilateur sous le foin et expulsé une fois chargé d’humidité. Un calcul de thermodynamique doit être réalisé afin d’obtenir des températures constantes et ne dépassant pas les limites pour ne pas “cuire” le foin, ni le brûler. On doit toujours rester à 10°C au dessu de la température ambiante pas davantage. Il fait 35 à l’ombre, 80 au soleil. Au midi solaire ici on atteint facilement les 15kW/h/m2, ce qui est beaucoup; le flux d’air doit être donc calculé en conséquence.
Seul inconvénient : cette grange solaire a besoin de machines dont l’énergie serait trop onéreuse de produire par des panneaux photovoltaiques. Pour actionner le gros ventilateur et la pince de 1,5m de diamètre, qui coure sur son rail de 30m de long, nous sommes obligés de mettre un générateur qui fonctionne au diesel. Pour cela on lance un programme de fabrication de bio diesel à partir de micro algues qui digèrent le carbone des déchets agricoles. Il faut être autonomes, la première pompe à essence est à 2 heures de piste.